DON'T NOD confirme une vague de licenciements à Montréal

AuteurArticle écrit par Florian Reumont
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date de publication01/07/2025
En quelques mots Les licenciements confirmés chez DON'T NOD Montréal viennent rappeler une réalité de plus en plus présente dans l’industrie du jeu vidéo : même les studios à la réputation solide et au savoir-faire reconnu ne sont pas à l’abri des soubresauts économiques. Le silence initial, suivi d’une confirmation discrète via un média tiers, montre à quel point ces annonces restent sensibles et complexes à gérer.  La fin du développement de Lost Records: Bloom & Rage n’aura pas été synonyme de célébration, mais de réorganisation. Si les talents remerciés reçoivent l’hommage verbal de leur employeur, leur avenir se jouera désormais ailleurs, dans une industrie toujours plus instable.  Ce nouvel épisode dans la vie de DON'T NOD ouvre une période de vigilance : le studio doit désormais prouver qu’il peut continuer à créer des œuvres ambitieuses tout en assurant la pérennité de ses équipes. Une équation difficile, mais essentielle, dans un marché en pleine mutation.

Les vents sont de nouveau contraires pour le studio français DON'T NOD. Connue pour ses productions narratives acclamées telles que Life is Strange ou plus récemment Lost Records: Bloom & Rage, l'entreprise a récemment été au cœur d'une série de rumeurs de licenciements. La semaine dernière, plusieurs employés du studio de Montréal ont partagé sur LinkedIn leur départ inattendu, semant le trouble dans la communauté vidéoludique.

Alors que la société n’avait encore fourni aucune déclaration officielle, le silence a été brisé par un communiqué exclusif transmis au média Eurogamer. Ce document confirme une nouvelle vague de licenciements, sans pour autant en détailler l’ampleur. Un aveu sobre, mais lourd de conséquences pour l’avenir du studio et de ses employés.

Dans une industrie où la stabilité devient un luxe, cette annonce s'inscrit dans une tendance inquiétante d'ajustements structurels. Entre ambitions créatives, contraintes budgétaires et pressions économiques, DON'T NOD doit aujourd’hui manœuvrer avec précaution pour préserver son identité et ses talents.

 

Contexte et révélations initiales

Les témoignages sur LinkedIn

Tout a commencé sans communiqué officiel, mais avec une série de messages évocateurs postés par d’anciens employés de DON'T NOD Montréal. Plusieurs artistes, designers et membres de l’équipe de production ont annoncé leur départ soudain de l’entreprise via LinkedIn, évoquant une fin de contrat inattendue. Sans détails formels, ces déclarations ont rapidement soulevé des soupçons quant à une vague de licenciements non déclarée.

Certains profils mentionnaient avoir été remerciés à la fin d’un projet majeur, laissant entendre que Lost Records: Bloom & Rage pourrait être à l’origine de cette restructuration. Bien que l’usage de la plateforme professionnelle reste courant dans le milieu du jeu vidéo pour annoncer des transitions de carrière, l’ampleur et la simultanéité de ces messages ont mis la puce à l’oreille à de nombreux observateurs.

L’impasse du silence de l’éditeur

Alors que les publications des employés se multipliaient, DON'T NOD gardait le silence. Aucun commentaire n’était venu confirmer ni infirmer les allégations, et aucune déclaration officielle n’apparaissait sur leurs canaux habituels de communication. Cette absence de réaction a alimenté les spéculations et renforcé la frustration d’une partie de la communauté, qui voyait dans ce mutisme une forme de déni ou de gestion opaque.

Dans le contexte actuel, où la transparence devient un enjeu central pour les studios, ce choix de temporisation a surpris. Il a fallu attendre plusieurs jours pour que l’entreprise prenne la parole, choisissant finalement un média spécialisé plutôt que ses propres réseaux sociaux pour officialiser la nouvelle.

 

La confirmation via Eurogamer et PC Gamer

Le communiqué officiel de DON'T NOD

C’est via un communiqué transmis à Eurogamer que DON'T NOD a officiellement reconnu les licenciements ayant récemment touché son antenne montréalaise. Le ton du message est sobre, presque résigné, traduisant la difficulté pour l’entreprise de faire face à cette décision. Voici un extrait notable:

« Nous avons le regret de confirmer que, suite à l’achèvement de Lost Records: Bloom & Rage, nous avons dû prendre la décision difficile de procéder à une nouvelle série de licenciements, cette fois-ci dans notre studio de Montréal. »

Le studio y explique avoir épuisé toutes les autres options avant d'en venir à cette issue, évoquant un contexte économique complexe. L’accent est également mis sur la reconnaissance envers les collaborateurs concernés, dont l’engagement a été salué tout au long du développement du dernier jeu.

Ce positionnement montre une volonté de rester humain et respectueux face à la crise, même si le manque de transparence sur les chiffres exacts laisse planer une certaine opacité.

L’absence de détails sur les chiffres

Malgré cette confirmation, DON'T NOD n’a pas communiqué le nombre précis d’employés concernés. Cette absence d'information chiffrée soulève des questions: combien de personnes ont été remerciées ? S’agit-il d’une vague marginale ou d’une réduction significative des effectifs du studio montréalais ?

Dans un marché habitué aux restructurations brutales ces derniers mois, cette omission ne passe pas inaperçue. Certains analystes y voient une tentative de limiter l’impact médiatique, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’un choix stratégique pour éviter d’alarmer investisseurs et partenaires.

En parallèle, PC Gamer a également relayé l’information, confirmant que l’onde de choc ne se limite pas à l’hexagone, mais résonne aussi à l’international. DON'T NOD, en pleine quête de stabilité, semble donc devoir naviguer entre impératifs financiers et communication maîtrisée.

 

Impacts humains et témoignages d’employés

Exemples de posts d’artistes et designers

Au-delà des chiffres, ce sont les visages et les voix qui donnent corps à cette restructuration. Sur LinkedIn, plusieurs membres de DON'T NOD Montréal ont exprimé leur tristesse, mais aussi leur fierté d’avoir participé à Lost Records: Bloom & Rage. Parmi eux, des artistes 3D, des narrative designers, et des producteurs ont salué l’esprit d’équipe, tout en faisant état d’un « arrêt brutal » de leur collaboration.

Certains témoignages sont particulièrement marquants. Une designer a ainsi écrit:

« Mon aventure chez DON'T NOD s’achève plus tôt que prévu, mais je garde des souvenirs incroyables. Merci à toutes les personnes formidables avec qui j’ai travaillé. »

D'autres ont immédiatement entamé la recherche d’un nouvel emploi, réactivant leur réseau professionnel, signe d’une coupure sans transition.

Réactions du syndicat STJV sur les vagues précédentes

Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV), déjà mobilisé lors de précédents licenciements dans l’industrie française, n’a pas encore officiellement réagi à cette nouvelle vague. Cependant, dans un fil de discussion lié à une précédente vague de départs chez DON'T NOD Paris en 2023, le syndicat dénonçait des pratiques de gestion « opaques et précaires » en fin de projet.

L’absence de réaction publique cette fois-ci pourrait s’expliquer par la localisation canadienne du studio touché, où les dynamiques syndicales sont différentes. Toutefois, cette situation alimente un débat de fond sur la protection des salariés dans les studios de jeux vidéo à l’international, et sur la nécessité d’un cadre plus robuste.

En somme, derrière chaque projet achevé se cache un risque de désengagement brutal, que l’industrie peine encore à encadrer humainement.

 

Contexte économique et stratégique

Performances de Lost Records: Bloom & Rage vs attentes

Le timing des licenciements, intervenant juste après la finalisation de Lost Records: Bloom & Rage, soulève naturellement des interrogations sur la performance du jeu. Bien que le titre ait bénéficié d’un accueil critique modérément positif, il n’a pas déclenché l’enthousiasme commercial escompté. Le choix assumé par DON'T NOD d’opter pour une narration à deux temporalités et une ambiance très ancrée dans les années 90 a séduit une niche, mais sans rencontrer un large public.

Selon plusieurs analystes, le retour sur investissement du projet serait en deçà des attentes internes. Cela aurait pu précipiter certaines décisions de rationalisation budgétaire, notamment au sein d’équipes devenues « surnuméraires » après la fin du développement.

Il est aussi probable que la stratégie éditoriale du studio ait manqué de relais marketing forts, ou que la période de sortie ait été défavorable face à une concurrence accrue, en particulier du côté des jeux indépendants narratifs.

Situation financière globale de DON'T NOD

Depuis sa réorientation stratégique amorcée en 2021, DON'T NOD a entrepris de s’éloigner des contrats d’édition dépendants pour se tourner vers l’auto-édition. Une ambition qui s’accompagne de risques financiers accrus. Si cette nouvelle orientation a permis de garder un contrôle créatif fort, elle a aussi rendu le studio plus vulnérable aux fluctuations du marché.

Les derniers rapports financiers publics faisaient état d’un bilan stable, mais tendu. Le studio avait également investi dans plusieurs projets simultanés (dont Harmony: The Fall of Reverie et Jusant), mobilisant ses ressources sur de multiples fronts. Cette dispersion des efforts peut expliquer une certaine pression économique ayant mené à des ajustements dans les effectifs.

Dans un contexte où les coûts de production explosent, même les studios à succès doivent parfois faire des choix difficiles pour préserver leur avenir. DON'T NOD n’échappe pas à cette réalité: entre ambition artistique et survie économique, l’équilibre est fragile.

 

Le futur du studio et perspectives

Défis du maintien d’activités durables

Les récents licenciements montrent la difficulté de maintenir une activité pérenne dans un secteur où les cycles de développement sont longs et incertains. DON'T NOD, qui s’est étendu à l’international avec l’ouverture du studio de Montréal, doit désormais composer avec la réalité d’un marché fragmenté, volatil et hautement concurrentiel.

Les studios de taille intermédiaire comme DON'T NOD sont particulièrement vulnérables: trop grands pour être flexibles comme les petits indépendants, mais pas assez massifs pour absorber des échecs comme les géants du AAA. La rentabilité devient un impératif, même au prix de décisions douloureuses.

À cela s’ajoute un climat économique globalement défavorable dans l’industrie du jeu vidéo, où les vagues de licenciements se succèdent à travers le monde. DON'T NOD, bien qu’ayant longtemps évité cette spirale, semble aujourd’hui rattrapé par cette tendance.

« La réalité du maintien d’activités durables dans un contexte économique difficile »: cette phrase du communiqué prend tout son sens lorsqu'on observe les défis structurels qui s’imposent au studio.

 


En quelques mots

Les licenciements confirmés chez DON'T NOD Montréal viennent rappeler une réalité de plus en plus présente dans l’industrie du jeu vidéo: même les studios à la réputation solide et au savoir-faire reconnu ne sont pas à l’abri des soubresauts économiques. Le silence initial, suivi d’une confirmation discrète via un média tiers, montre à quel point ces annonces restent sensibles et complexes à gérer.

La fin du développement de Lost Records: Bloom & Rage n’aura pas été synonyme de célébration, mais de réorganisation. Si les talents remerciés reçoivent l’hommage verbal de leur employeur, leur avenir se jouera désormais ailleurs, dans une industrie toujours plus instable.

Ce nouvel épisode dans la vie de DON'T NOD ouvre une période de vigilance: le studio doit désormais prouver qu’il peut continuer à créer des œuvres ambitieuses tout en assurant la pérennité de ses équipes. Une équation difficile, mais essentielle, dans un marché en pleine mutation.

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