Test de LumenTale: Memories of Trey sur PC: un potentiel gâché

AuthorArticle written by Vivien Reumont
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Publication date01/07/2025
Écran titre du jeu vidéo indépendant LumenTale: Memories of Trey, dans sa version démo disponible sur Kickstarter. Le visuel adopte un style artistique en aquarelle très doux et coloré, avec une ambiance onirique. À gauche de l’image, trois personnages sont assis sur une colline verdoyante parsemée de petites fleurs violettes. Un humain, une créature humanoïde rose et une sphère métallique sont adossés à un arbre, regardant vers un ciel bleu lumineux avec des nuages cotonneux et des feuilles d’automne portées par le vent.  À droite, on aperçoit un village côtier composé de maisons aux toits colorés surplombant une mer scintillante. Les montagnes en arrière-plan donnent une impression de grandeur et de liberté. Le logo du jeu, LumenTale: Memories of Trey, est centré en haut à droite, avec une typographie stylisée accompagnée de motifs géométriques rappelant des symboles élémentaires (glace et végétation).  En bas à gauche, un menu propose trois options : New Game, Settings et Close, typiques d’un écran d’accueil. En bas à droite, un message précise qu’il s’agit d’une « Kickstarter Demo Version » et que le contenu peut différer du produit final. Ce jeu promet une aventure narrative immersive avec des éléments de RPG et une forte dimension émotionnelle, développée par Beehive Studios.

Être fan de Pokémon, c’est vivre avec cette flamme nostalgique d’aventure, de collection de créatures et de combats stratégiques. Alors forcément, lorsqu’un jeu comme LumenTale: Memories of Trey pointe le bout de son nez avec des promesses d’un monde riche peuplé d’Animon à capturer, difficile de ne pas être intrigué. Ce titre développé par la petite équipe de Victory Road Studios (dont l’ambition n’a d’égal que leur modestie de moyens) avait de quoi séduire sur le papier: un RPG en pixel art, une ambiance immersive, et des mécaniques de capture inspirées des plus grands.

Malheureusement, entre attentes et réalité, l’écart peut être cruel. Testé en version early access sur PC, LumenTale: Memories of Trey nous a laissé un goût amer. Derrière ses atours charmants se cachent une structure bancale, une expérience de jeu frustrante et une exécution qui laisse franchement à désirer. Mais est-ce une simple erreur de parcours ou un potentiel gâché ? Explorons en profondeur ce que ce jeu a réellement à offrir… et à éviter.

 

 

Le scénario et l’univers

Présentation du monde d’Animon

LumenTale: Memories of Trey nous plonge dans le monde d’Animon, un univers où cohabitent humains, créatures élémentaires appelées Animon, et une mystérieuse entité nommée les Lumen, capables de contrôler ces êtres. Sur le papier, l’univers semble riche et prêt à nous offrir une mythologie originale avec une touche de mystère. Il est même précisé que ces créatures peuplent le monde depuis des siècles, laissant imaginer une profondeur historique à explorer.

Mais cette promesse s’effondre rapidement face à une réalité bien moins inspirée. Le monde paraît paradoxalement plein mais vide: des bâtiments sans fonction réelle, des PNJ répétitifs aux dialogues minimalistes, et surtout, très peu d’interactions significatives. On erre dans un décor joli mais creux, avec le sentiment permanent qu’il manque une âme derrière les pixels.

Même les Animon, censés être les stars du jeu, sont présentés de manière très sommaire. Les descriptions sont inexistantes, remplacées par des chaînes de texte et de chiffres incompréhensibles, renforçant le sentiment d’un jeu non finalisé. Ce manque d’attention aux détails enlève beaucoup de charme et nuit à l’immersion.

Capture d’écran d’une interface de gestion de créature dans un jeu vidéo de type RPG ou jeu de collection de monstres, affichant les informations détaillées d’un personnage nommé Ozelash. L’interface, présentée sur fond à quadrillage noir et orange, est divisée en plusieurs sections. En haut, on trouve les onglets du menu principal : Map, Quest, Bag, Animon (sélectionné), et System.  À gauche, une illustration du personnage Ozelash, une créature au design félin stylisé avec un pelage orange et des accents violets, des yeux perçants et une posture dynamique. Juste au-dessus, une bannière orange affiche le nom "Ozelash", son type (Furor et Électrique) avec des icônes correspondants, et son niveau (Lv. 7).  À droite, la section "Animon Info" donne des détails sur l’espèce, la barre d’expérience (232/2460 EXP), et le type principal "Electric" dans une pastille jaune. Une ligne de texte en bas de cette section semble contenir une erreur ou du texte de débogage : animon_desc_00000000....  La partie inférieure droite affiche les statistiques : taille (0,45 m), poids (0,45 kg), et une fiche avec les stats de combat – HP 15/15, ATK 19, DEF 12, SPA 16, SPD 11, SPE 15, LUC 5 – accompagnées d’un graphique radar circulaire visualisant la répartition des points. Le bas gauche indique qu’aucun objet n’est équipé ("No Item").  Cette image présente une interface claire et fonctionnelle typique des jeux inspirés de Pokémon ou Digimon, avec un système d’évolution ou de gestion stratégique des créatures appelées ici Animons.

Les personnages jouables et leur narration

Le jeu propose deux personnages jouables, chacun apportant une touche de variété bienvenue. Le premier est traité de manière relativement approfondie: on découvre son lien avec le monde, sa famille, et sa perception des Animon. Ce développement narratif apporte un peu de chaleur dans un monde autrement froid.

Le deuxième personnage, en revanche, est beaucoup plus énigmatique. Ce mystère n’est pas forcément un défaut – au contraire, il suscite une certaine curiosité. Malheureusement, cette intrigue reste sans suite, probablement à cause du contenu encore inachevé de cette version du jeu. Là encore, le potentiel est palpable, mais reste largement inexploité.

Finalement, malgré quelques efforts dans la construction narrative, l’histoire de LumenTale: Memories of Trey manque cruellement de profondeur, de rythme et de détails concrets. On sent que les développeurs avaient une vision, mais qu’ils n’ont pas encore réussi à la concrétiser.

 

Un gameplay qui peine à convaincre

Système de combat et gestion des niveaux

Au cœur de LumenTale: Memories of Trey, le système de combat se veut un hommage aux classiques du genre. Les affrontements sont au tour par tour, les Animon sont capturés à l’aide d’un objet nommé Billa, et chaque créature dispose de ses propres capacités élémentaires. Jusque-là, rien d’inhabituel. Pourtant, malgré un cadre familier, le plaisir de jeu s’étiole rapidement.

Le principal souci vient du manque d’explication et de profondeur: les attaques ne sont pas clairement détaillées, rendant difficile toute tentative de stratégie. Le sentiment de progression est également déséquilibré. Très vite, ton Animon principal devient surdéveloppé, écrasant tous les autres adversaires sans opposition. La difficulté disparaît, tout comme l’envie de capturer de nouvelles créatures.

Autre déception: l’absence de fonctionnalités simples mais attendues, comme la possibilité de renommer ses Animon ou de les faire évoluer de manière visible et significative. À cela s’ajoute une interface parfois confuse et peu engageante, qui n’encourage pas l’expérimentation.

Ce qui aurait pu être un moteur fort du jeu devient alors une mécanique en pilote automatique, dénuée de tout challenge et de gratification.

Quêtes et exploration: monotonie et bugs

Les quêtes constituent souvent le cœur narratif d’un RPG, guidant le joueur et le récompensant de ses efforts. Dans LumenTale: Memories of Trey, elles se réduisent hélas à une succession de missions génériques: “va ici, ramasse ça” ou “va là-bas, bats ça”. Le tout sans aucun marqueur d’objectif, ce qui pousse le joueur à errer à l’aveugle dans des environnements peu stimulants.

Le sentiment de récompense est totalement absent: peu ou pas de gain pour les quêtes, aucun sentiment d’impact sur le monde. Pire encore, plusieurs missions sont buggées ou impossibles à terminer, empêchant toute avancée scénaristique. Une situation d’autant plus frustrante qu’il est parfois impossible de savoir si l’on progresse ou si le jeu est tout simplement bloqué.

Quant à l’exploration, elle est visuellement plaisante mais rapidement vide de sens. Il y a certes quelques points d’intérêt, comme une cascade bien animée dans une forêt, mais aucune interaction enrichissante. À deux reprises, une simple interaction a même entraîné un crash du jeu, faisant perdre toute progression.

Loin d’évoquer la découverte magique de nouveaux horizons, l’exploration ici devient un exercice de patience… et de sauvegarde compulsive.

 

Stabilité: bugs, plantages et progression

Crashes, soft‑locks et sauvegarde

Tester un jeu en accès anticipé implique une certaine tolérance aux bugs, c’est le jeu. Mais dans le cas de LumenTale: Memories of Trey, le niveau d’instabilité dépasse largement ce que l’on peut considérer comme acceptable. Crashes à répétition, soft‑locks fréquents, zones bloquées sans explication… on est plus proche du parcours d’obstacles que de l’expérience vidéoludique.

Le souci majeur, c’est qu’il n’y a aucun système d’autosave, ce qui signifie que chaque plantage efface de longues minutes de progression. Si tu ne penses pas à sauvegarder constamment, le jeu te le fera payer cher. Et quand l’on sait que ces bugs surviennent même lors d’interactions de base ou dans des missions principales, cela rend l’ensemble tout simplement injouable.

Un exemple frappant: deux crashs consécutifs sur le même point d’interaction ont non seulement cassé le rythme de jeu, mais aussi anéanti toute envie de continuer à explorer.

Missions impossibles et obstacles techniques

Le plus frustrant dans toute cette instabilité, ce sont les missions essentielles bloquées par des bugs de script ou des zones qui refusent de se charger. À un moment du jeu, il est tout simplement impossible de poursuivre l’histoire principale à cause d’une quête défectueuse. Résultat ? Le joueur est littéralement coincé, sans possibilité d’avancer ni de contourner le problème.

Cela donne la désagréable impression d’être face à un prototype mal finalisé, voire à un projet abandonné en cours de route. Même en tenant compte du statut early access, le niveau de dysfonctionnement est tel qu’il empêche de juger le jeu sur son vrai potentiel.

En somme, la stabilité est le talon d’Achille du jeu. Et tant que ces bugs critiques ne sont pas corrigés, il est difficile de le recommander, même à un public indulgent.

 

Esthétique et ambiance sonore: le bon point fort

Graphismes pixel art et effets visuels

S’il y a bien un domaine où LumenTale: Memories of Trey brille sans équivoque, c’est dans sa direction artistique. Le pixel art est soigné, détaillé et vivant, avec des environnements agréablement colorés et des bâtiments distinctifs. Chaque zone du jeu semble avoir fait l’objet d’un soin particulier pour offrir une atmosphère visuelle réussie, même si le gameplay derrière n’en tire pas parti.

Les Animon bénéficient d’un design varié et intéressant, sans répétitions flagrantes, et les animations de combat, bien que simples, sont visuellement percutantes. On note aussi quelques effets lumineux bien réalisés, notamment une cascade dans une forêt, qui attire réellement l’œil. Ce type de détails montre que l’univers a été pensé avec amour, même si tout ne fonctionne pas encore à 100 %.

Malheureusement, cette qualité visuelle contraste avec l’interactivité quasi inexistante du monde. Les éléments de décor sont là, beaux… mais sans aucune fonction. Un vrai gâchis d’univers artistique.

Capture d’écran d’un jeu vidéo de simulation ou de type RPG à l’esthétique colorée et cartoonesque, représentant une ville pittoresque animée dans un style graphique en 3D isométrique. L’image montre une place de marché pavée entourée de bâtiments aux toits rouges, violets et bleus, avec des murs blancs décorés de lierre grimpant et de volets colorés. À gauche, un bâtiment surélevé surplombe la rue, accessible par des escaliers, avec une enseigne et des caisses empilées en contrebas. Une arche décorée de fleurs violettes marque l’entrée de la zone commerçante, où de nombreux personnages non-joueurs (PNJ) se déplacent ou tiennent des stands de fruits, légumes et autres marchandises.  Des arbres verts aux formes stylisées sont répartis dans la ville, accentuant le côté chaleureux et accueillant du décor. L’arrière-plan est légèrement flouté (effet de profondeur de champ), mais laisse entrevoir d’autres constructions et éléments urbains, comme un moulin à vent. L’ambiance générale évoque un univers paisible et communautaire, typique des jeux comme Animal Crossing, Stardew Valley ou My Time at Portia, où la gestion de ville, l’interaction sociale et les activités quotidiennes font partie du gameplay central.        Ask ChatGPT

Bande-son, musique de combat et bruitages

Côté audio, le jeu s’en sort également très bien. La musique de combat a un bon rythme, avec une orientation rock dynamique qui donne un peu de punch à des affrontements autrement peu palpitants. En dehors des combats, l’ambiance sonore est apaisante et bien équilibrée, alternant entre tension et calme selon les situations.

Les effets sonores sont également à saluer: chaque action, qu’il s’agisse d’un coup porté ou d’un pas dans l’herbe, est accompagnée d’un bruitage cohérent et bien mixé. Cela ajoute une vraie couche d’immersion, rendant l’univers plus vivant, malgré ses autres lacunes.

Enfin, la musique contribue grandement à faire ressortir les rares moments forts du jeu. On aurait aimé que cette qualité audio soit soutenue par un gameplay et une narration plus solides, mais à défaut, c’est elle qui sauve l’expérience du naufrage complet.

 


Points positifs et négatifs

✅ Points positifs

  • Direction artistique réussie: un pixel art de qualité avec des effets lumineux soignés.
  • Design des Animon original et varié, sans redondance visuelle.
  • Ambiance sonore immersive, avec une bonne balance entre musique d’ambiance et effets de combat.
  • Deux personnages jouables, avec une tentative d'approfondissement narratif.
  • Système de combat fidèle au genre, qui peut séduire les nostalgiques.

❌ Points négatifs

  • Nombreux bugs et plantages qui empêchent toute progression normale.
  • Quêtes mal conçues ou impossibles à terminer, avec une absence totale de guidage.
  • Gameplay rapidement monotone, sans vraie récompense ni enjeu stratégique.
  • Exploration creuse, sans interactions marquantes ni éléments engageants.
  • Histoire plate, manquant de profondeur, de descriptions et de rythme.
  • Pas d'autosave, ce qui rend chaque crash extrêmement punitif.
  • UI peu intuitive, parfois imprécise et sujette aux erreurs

En quelques mots

LumenTale: Memories of Trey aurait pu être une belle surprise pour les amateurs de RPG à l’ancienne. Son univers d’Animon, ses graphismes soignés et son ambiance sonore maîtrisée posaient les bases d’un jeu prometteur. Mais à l’épreuve du joueur, tout s’effondre. La version actuelle est truffée de bugs, de missions inachevées, et de systèmes de jeu peu engageants. Même avec toute la bonne volonté du monde, il est difficile d’en tirer du plaisir.

Il reste un espoir: que les développeurs prennent le temps de corriger, peaufiner et enrichir leur jeu. Le potentiel est là, mais il est encore loin d’être atteint. Pour l’instant, mieux vaut attendre d’éventuelles mises à jour avant de se lancer dans cette aventure... ou la laisser de côté.

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