L’été 2025 s’annonçait festif avec le Summer Game Fest, mais l’envers du décor se révèle nettement plus sombre. À peine les projecteurs éteints, l’industrie du jeu vidéo traverse une période critique, marquée par une succession de licenciements dans les plus grands studios. Dernier en date à en faire les frais: DON'T NOD, le célèbre studio français à l’origine de titres tels que Jusant et Lost Records: Bloom & Rage.
Alors que les annonces estivales éveillaient l’espoir d’un marché en pleine forme, la réalité opérationnelle semble tout autre. DON'T NOD vient en effet de procéder à une vague de licenciements, touchant un nombre encore inconnu d’employés. Les premières informations n’émanent pas d’un communiqué officiel, mais des publications sur LinkedIn de plusieurs anciens collaborateurs, rendant la nouvelle aussi brutale que confirmée. Fait notable: les bureaux de Montréal sont également concernés par cette coupe, laissant présager une réorganisation globale de la structure.
En toile de fond, cette décision soulève de nombreuses interrogations sur la santé financière de DON'T NOD, sur le sort de ses projets en cours comme Aphelion, et sur l’avenir du développement vidéoludique dans un contexte où les studios peinent à conjuguer ambition créative et stabilité économique.
Un phénomène global: la vague de licenciements post‑Summer Game Fest
Ce que révèle le Summer Game Fest
Le Summer Game Fest 2025 s'est voulu comme une vitrine enthousiasmante pour l'industrie vidéoludique, avec des annonces prometteuses et des avant-premières alléchantes. Pourtant, cet événement annuel cache une réalité de plus en plus préoccupante: derrière les bandes-annonces et les trailers spectaculaires, les studios traversent une crise structurelle et financière profonde.
Depuis début 2024, le secteur du jeu vidéo connaît une série de rationalisations, alimentée par une hausse des coûts de développement, une baisse de rentabilité sur certains segments (notamment les jeux service) et une saturation du marché. Le Summer Game Fest, loin d’endiguer cette tendance, semble plutôt en avoir été le point d’orgue, marquant une fracture nette entre communication publique et difficultés internes.
« Derrière chaque bande-annonce, il y a une équipe incertaine de son avenir. » — déclaration anonyme relayée par un développeur sur X (ex-Twitter).
Autres studios touchés et comparaison avec le cas de DON'T NOD
DON'T NOD n'est pas un cas isolé. Depuis janvier, des studios comme Ubisoft Montréal, Riot Games, Electronic Arts ou encore Remedy Entertainment ont tous procédé à des licenciements ou des réorganisations internes. Dans certains cas, cela s’est traduit par l’annulation pure et simple de projets en cours ou la fermeture de départements entiers.
Ce qui rend le cas de DON'T NOD particulièrement marquant, c’est sa position d’indépendant de taille moyenne, souvent perçu comme un bastion créatif européen face aux géants américains ou asiatiques. Le fait que même ce type de structure soit contraint de licencier envoie un signal inquiétant pour tout l’écosystème: la crise n’épargne personne, quelle que soit la taille, la nationalité ou le prestige du studio.
DON'T NOD concerné: qui est touché, où et quoi ?
Témoignages LinkedIn: retours directs des employés
La nouvelle des licenciements chez DON'T NOD n’est pas venue d’un communiqué de presse ou d’un tweet officiel, mais des réseaux sociaux professionnels. Plusieurs ex-employés ont pris la parole sur LinkedIn pour annoncer leur départ, révélant ainsi l’ampleur de la situation. Si aucun chiffre n’a été confirmé, les messages suggèrent que la coupe ne se limite pas à une poignée d'individus.
Certains parlent de surprise totale, d'autres évoquent une « réorganisation stratégique » qui n’a pas été anticipée par les équipes. Ces publications ont rapidement généré un élan de solidarité dans la communauté vidéoludique, avec des partages, des messages de soutien et des opportunités professionnelles relayées en masse.
« Merci DON'T NOD pour cette aventure incroyable. C’est une page qui se tourne plus tôt que prévu. » — message d’un ex-employé sur LinkedIn
Bureaux impactés: France et Montréal, quel périmètre potentiel
La particularité de ce plan de licenciement, c’est qu’il touche à la fois le siège parisien et le studio de Montréal, ouvert en 2020 pour étendre la capacité de production. Cette extension internationale symbolisait alors une ambition croissante pour DON'T NOD, notamment avec le développement simultané de plusieurs jeux.
La restructuration actuelle remet en question cette stratégie d’expansion. Le fait que les deux continents soient concernés laisse présager une revue d’ensemble des opérations, probablement orientée vers une réduction des coûts et une concentration des efforts sur des projets prioritaires. Montréal, en particulier, étant souvent plus coûteux en gestion logistique, pourrait faire l’objet d’un redimensionnement plus marqué.
Pourquoi cette décision maintenant ?
Contexte économique et secteur vidéoludique fragilisé
Il serait naïf de penser que DON'T NOD agit dans un vide économique. Le secteur du jeu vidéo est actuellement sous pression de multiples facteurs: l’inflation post-pandémie, les difficultés de financement, la guerre des plateformes, et un public de plus en plus exigeant sur le rapport qualité-prix des jeux. En parallèle, les délais de production explosent, rendant difficile le maintien d’un calendrier rentable.
Pour un studio indépendant comme DON'T NOD, ces contraintes deviennent rapidement insoutenables. Le coût moyen de développement d’un jeu AA/AAA ayant considérablement augmenté, il devient presque vital de réajuster les effectifs pour éviter une hémorragie budgétaire. Si la qualité artistique reste une priorité, la viabilité économique prend aujourd’hui le pas sur l’expérimentation.
« On ne peut pas survivre uniquement avec des chefs-d’œuvre critiques si les bilans financiers sont dans le rouge. » — analyste du marché vidéoludique français.
Positionnement financier ou stratégique de DON'T NOD: fermeture de budgets sur Aphelion, priorisation des ressources
La décision de DON'T NOD pourrait également être stratégique. Le studio travaille actuellement sur Aphelion, un projet encore mystérieux, mais présenté comme ambitieux. Il est probable que les licenciements soient liés à une priorisation stricte des ressources, en focalisant les équipes sur les aspects jugés essentiels du développement.
Il se pourrait également que certains segments du projet aient été mis en pause, voire supprimés, afin de mieux canaliser les fonds. Ce genre de réalignement budgétaire n’est pas rare dans les studios en période de développement avancé, mais il est souvent indicateur d’une pression financière accrue. Sans annonce officielle, difficile de savoir si d’autres projets ont été annulés en coulisse pour maintenir Aphelion à flot.
Répercussions sur les projets en cours
Aphelion: retard ou reconfiguration possible
Le projet Aphelion est, à ce jour, l’un des développements les plus attendus de DON'T NOD. Annoncé comme une nouvelle IP ambitieuse, il cristallise beaucoup d’espoirs après les sorties critiques de Jusant et Lost Records: Bloom & Rage. Mais les récentes coupes dans les effectifs pourraient bien mettre un sérieux coup de frein à sa production.
Les risques ? Un calendrier repoussé, un contenu réduit ou une refonte de certaines mécaniques prévues à l’origine. Même sans confirmation officielle, les spécialistes s’accordent à dire que les licenciements massifs ne peuvent qu’impacter directement la qualité ou la date de sortie d’un projet majeur en cours. Dans les équipes créatives, chaque départ est une perte de vision, de savoir-faire et d’équilibre interne.
« On ne peut pas retirer dix ou vingt pièces d’un puzzle en construction sans affecter l’image finale. » — développeur anonyme sur un forum spécialisé.
Effet domino sur les projets futurs et la motivation interne
Les conséquences ne s’arrêtent pas là. Au-delà d’Aphelion, c’est tout le planning à long terme de DON'T NOD qui est potentiellement affecté. D’autres jeux ou prototypes en phase de préproduction pourraient être mis en veille ou annulés. Une décision difficile à encaisser pour un studio dont la force a toujours été la diversité de ses propositions narratives et mécaniques.
Par ailleurs, les licenciements peuvent avoir un effet démobilisant sur les équipes restantes. L’incertitude plane, la charge de travail s’alourdit, et la crainte d’une seconde vague pèse sur les esprits. Cela engendre souvent une baisse de productivité, voire des départs volontaires non prévus — accentuant encore la spirale de fragilité interne.
Perspectives d'avenir pour le studio et l'industrie
Comment DON'T NOD peut rebondir: levées de fonds, diversification, alliances
Malgré la difficulté de la situation, DON'T NOD n’est pas sans ressources. Historiquement, le studio a su se montrer résilient et créatif, en diversifiant ses projets et en collaborant avec des éditeurs solides. Une des premières pistes de rebond pourrait passer par une levée de fonds ou la signature de nouveaux partenariats d’édition.
Par ailleurs, DON'T NOD pourrait recentrer ses efforts sur des formats plus petits, à l’image de Jusant, qui a rencontré un joli succès critique malgré un budget modeste. Le studio a également un savoir-faire reconnu dans les récits immersifs, ce qui pourrait séduire des plateformes de streaming interactif, à la recherche de contenus originaux. La diversification technologique ou narrative pourrait devenir une voie de salut.
« L’avenir appartient aux studios capables de se réinventer sans trahir leur ADN. DON'T NOD en a la capacité. » — consultant en stratégie culturelle
Leçons à tirer pour les professionnels et le marché de l’emploi vidéoludique
Au-delà du cas spécifique de DON'T NOD, cette vague de licenciements offre une leçon amère à toute l’industrie. Le marché du jeu vidéo, longtemps perçu comme un eldorado pour créateurs et développeurs, montre aujourd’hui des signes de saturation et d’instabilité. Pour les professionnels du secteur, cela signifie une nécessaire agilité de carrière, la capacité à rebondir rapidement et à se former en continu.
Les écoles de jeux vidéo, les incubateurs et les collectifs indépendants devront aussi adapter leur discours: encourager la passion, certes, mais sans occulter les réalités économiques du milieu. À long terme, une meilleure régulation, une structuration des modèles économiques, et un soutien accru aux studios intermédiaires comme DON'T NOD pourraient rééquilibrer l’écosystème.
En quelques mots
La nouvelle des licenciements chez DON'T NOD marque un tournant symbolique pour l’industrie vidéoludique française et internationale. Ce studio reconnu pour sa sensibilité artistique et sa narration forte rejoint à présent la longue liste de structures frappées par la réalité économique du marché. Si les détails restent encore flous, l’impact est bien réel, tant pour les employés concernés que pour l’avenir des projets en cours.
Mais tout n’est pas perdu. DON'T NOD a prouvé par le passé qu’il savait rebondir, innover, et se réinventer. Cette période trouble peut devenir une opportunité de recentrage, d’exploration de nouveaux modèles, voire de refonte stratégique complète. Pour l’industrie dans son ensemble, ce cas n’est qu’un rappel brutal: derrière chaque succès critique, se cache une équation financière complexe à résoudre.
L’heure est donc à la prudence, mais aussi à la solidarité. Dans ce climat instable, chaque talent, chaque idée, chaque studio compte plus que jamais.
