
Quand on parle de jeux vidéo aux allures farfelues mais profondément marquants, ToeJam & Earl reste une référence incontournable des années 90. Aujourd’hui, son créateur Greg Johnson fait un retour aussi inattendu que touchant avec un tout nouveau projet: Dancing with Ghosts. Annoncé récemment et déjà disponible en démo sur Steam, ce jeu narratif à la fois doux, intime et légèrement surréaliste s’annonce comme une expérience bien différente de ce à quoi le développeur nous avait habitués.
Lancé via une campagne Kickstarter, Dancing with Ghosts met en scène une adolescente et un fantôme dans un monde chaleureux, baigné d’émotions et d’introspection. Une œuvre qui semble s’inscrire dans une volonté de transmettre autre chose que du simple divertissement. Avec une promesse de réconfort, de spiritualité douce et de bienveillance, Johnson veut capturer une nouvelle facette du jeu vidéo.
Alors, que cache ce projet plein de sensibilité ? Et que peut-on attendre de l’esprit qui a su inventer l’un des jeux les plus loufoques de la Mega Drive ? Plongeons dans cet univers où les fantômes ne font pas peur, mais réconfortent.
Un retour après ToeJam & Earl: parcours de Greg Johnson
Greg Johnson est l’un de ces créateurs que l’on n’oublie pas, même s’il reste en marge des projecteurs. C’est à lui que l’on doit ToeJam & Earl, sorti en 1991 sur Mega Drive, un ovni vidéoludique qui mêlait exploration, humour absurde et ambiance funk. On y incarnait deux extraterrestres aux allures de rappeurs intergalactiques, échoués sur Terre après un crash et forcés de retrouver les morceaux éparpillés de leur vaisseau. Un concept simple, mais servi par une direction artistique déjantée et une jouabilité en coopératif novatrice pour l’époque.
"Avec ToeJam & Earl, nous voulions créer un jeu qui ressemble à une session de jam musicale, où tout peut arriver" – Greg Johnson
Ce titre deviendra culte, donnant naissance à plusieurs suites, dont ToeJam & Earl: Panic on Funkotron (1993), et plus récemment ToeJam & Earl: Back in the Groove! (2019), financé lui aussi via Kickstarter. Ce dernier épisode, malgré des moyens modestes, a su séduire les nostalgiques tout en introduisant de nouveaux joueurs à l’univers funky et imprévisible de Johnson.
Mais l’homme ne s’est pas arrêté là. Dans l’ombre, il a aussi contribué à d’autres projets comme Starflight (un jeu de science-fiction précurseur) et Doki-Doki Universe, une œuvre poétique et philosophique parue sur PlayStation en 2013, où il était déjà question de compréhension humaine, d’émotions et d’acceptation.
C’est dans cette veine plus introspective que s’inscrit Dancing with Ghosts. Si ToeJam & Earl misait sur le rire et le groove, ce nouveau titre fait le pari de l’émotion douce et du récit apaisant. Pour Greg Johnson, il ne s’agit pas d’un simple retour, mais d’une évolution: explorer ce que le jeu vidéo peut transmettre sur la résilience, la perte et la reconstruction intérieure.
Dancing with Ghosts: concept, ton et univers
Avec Dancing with Ghosts, Greg Johnson signe une œuvre qui se détache totalement du tumulte habituel du jeu vidéo contemporain. Ici, pas de combats épiques ou de scénarios alambiqués, mais une histoire centrée sur Mai, une adolescente en quête de paix intérieure après la perte de ses parents. Le point de départ est simple, mais il touche juste: Mai devient amie avec un fantôme bienveillant, une présence invisible qui va lui permettre de se reconnecter à elle-même, à son passé et à ceux qui l’entourent.
Le jeu se déroule dans un petit village inspiré par la culture thaïlandaise, où l’on prend part à de nombreuses activités quotidiennes: danser, dessiner, explorer, discuter. Le gameplay repose sur des mécaniques narratives, où l’on découvre des histoires de villageois, et où nos choix influencent subtilement les événements. Un système de karma vient enrichir ces interactions: aider les autres, agir avec gentillesse ou réparer des erreurs renforce notre lien avec le fantôme et influence le déroulement du récit.
Un jeu chaleureux et spirituel
L’objectif est clair: offrir une expérience émotionnelle forte, centrée sur la bienveillance et la guérison. Johnson puise ici dans des thématiques intimes, comme le deuil ou la solitude, qu’il traite avec une douceur rare. Le jeu n’est jamais moralisateur, mais invite à la contemplation et à l’introspection. Chaque interaction, chaque scène, semble conçue pour réconforter plutôt que bousculer.
L’esthétique du réconfort
Graphiquement, Dancing with Ghosts adopte une direction artistique faite de traits simples, de couleurs pastel, et d’animations fluides. On y sent l’influence du dessin à la main, avec des visages expressifs et des environnements doux. Le style visuel soutient parfaitement l’ambiance générale: celle d’un monde apaisé, presque hors du temps, où l’on peut s’arrêter, souffler, et simplement exister.
Mini-jeux et interactions poétiques
Le gameplay ne se limite pas à la narration. Plusieurs mini-jeux viennent ponctuer l’expérience: danse, dessin, jeu de rythme, conversations... Ces éléments ludiques, loin d’être gadgets, sont intégrés au récit et renforcent l’immersion. Ils rappellent certains aspects de Doki-Doki Universe, une autre création de Johnson, mais avec ici une cohésion plus marquée dans la mise en scène émotionnelle.
"Je veux créer un jeu qui fasse du bien, quelque chose de beau et de sincère, même pour ceux qui ne jouent jamais aux jeux vidéo." – Greg Johnson
Avec Dancing with Ghosts, Greg Johnson semble vouloir proposer un nouveau type de jeu, à la fois interactif et thérapeutique. Une bulle de calme dans un océan de pixels souvent bruyants.
Démo Steam et réception anticipée
Dancing with Ghosts a récemment fait ses premiers pas auprès du public grâce à une démo jouable disponible sur Steam, notamment dans le cadre du Steam Next Fest. Une initiative stratégique qui a permis de mettre en avant ce projet encore méconnu, tout en récoltant les premiers retours des joueurs et de la presse spécialisée.
Une démo qui pose les bases
Dès les premières minutes, la démo installe une ambiance unique. On y découvre Mai, son village, et bien sûr le fameux fantôme qui l’accompagne. Les interactions sont simples, mais efficaces: on discute avec les habitants, on participe à de petites activités, on aide les autres… L’expérience s’apparente davantage à un roman interactif qu’à un jeu classique, avec une narration organique, fluide, et surtout profondément humaine.
Les premiers retours soulignent l’émotion transmise par cette courte séquence de jeu. La relation entre Mai et le fantôme, construite par de petits gestes et des dialogues sincères, touche droit au cœur.
Premières impressions enthousiastes
La presse spécialisée n’a pas tardé à s’en emparer. Le site Vice parle d’un jeu qui pourrait "faire pleurer même les plus endurcis", tandis que Capsule Computers souligne "la tendresse rare qui s’en dégage, sans tomber dans le pathos facile". Pour Six One Indie, c’est un "feel-good game assumé, qui parle de mort sans jamais être morbide".
Les points les plus fréquemment salués:
- Le ton sincère et sans cynisme
- La richesse des personnages secondaires
- Le système de karma qui récompense les bonnes actions
- L’esthétique artisanale et chaleureuse
"Un jeu à jouer en chaussons, un soir de pluie, avec une tasse de thé à la main." – commentaire utilisateur sur Steam
Même si la démo reste brève, elle semble avoir atteint son objectif: éveiller la curiosité, émouvoir et convaincre qu’il y a ici un projet sincère, bien au-delà du simple jeu indépendant.
La campagne Kickstarter: enjeux et promesses
Pour donner vie à Dancing with Ghosts, Greg Johnson a choisi de s’appuyer une nouvelle fois sur la plateforme Kickstarter, avec un objectif initial fixé à 35 000 dollars. Une somme modeste pour l’industrie, mais qui correspond à l’approche artisanale et intimiste du projet. Lancée le 7 octobre 2025, la campagne a immédiatement attiré l’attention des fans de la première heure ainsi que des amateurs de jeux narratifs.
Un financement communautaire cohérent
Greg Johnson n’en est pas à son coup d’essai. En 2015 déjà, il avait utilisé Kickstarter pour relancer la franchise ToeJam & Earl avec Back in the Groove!, une campagne qui avait dépassé les attentes. Cette fois, l’objectif est plus modeste, mais le message est clair: Dancing with Ghosts est un projet personnel, façonné avec sincérité, et qui nécessite l’implication directe d’une communauté sensible à son propos.
Le financement participatif permet également à Johnson de conserver une liberté créative totale, sans pression d’éditeur. Une liberté précieuse quand on cherche à explorer des thèmes comme le deuil, la rédemption et la paix intérieure.
Récompenses pour les contributeurs
La campagne propose plusieurs paliers de récompenses, allant du simple remerciement à des objets collectors comme:
- Stickers thématiques et pin's représentant Mai et son fantôme
- Cartes postales illustrées par les artistes du jeu
- Apparitions personnalisées dans le jeu (mémoriaux ou personnages secondaires)
- Et même des sessions de Q&A privées avec le développeur lui-même
Ces bonus, souvent simples, reflètent l'esprit du jeu: sincérité, lien humain et petite touche de magie du quotidien.
Un calendrier et des ambitions mesurées
Selon les estimations de la campagne, Dancing with Ghosts devrait sortir d’ici fin 2026, d’abord sur PC, puis sur Nintendo Switch. Johnson a d’ores et déjà précisé que l’équipe de développement restait très réduite, et que l’ambition n’était pas de créer un blockbuster, mais une œuvre artisanale, touchante, et résolument humaine.
"C’est un projet né de conversations, de souvenirs personnels et de réflexions sur le deuil. Je veux que les gens repartent de cette expérience avec le cœur un peu plus léger." – Greg Johnson, Kickstarter
En misant sur un financement participatif, Greg Johnson ne cherche pas simplement des fonds, mais une communauté de soutien, un lien avec les joueurs qui souhaitent plus que du gameplay: une véritable rencontre émotionnelle.
En quelques mots
Dancing with Ghosts ne cherche pas à révolutionner l’industrie vidéoludique. Ce n’est ni un triple A ni un succès annoncé. Mais c’est précisément ce qui en fait un projet à part, profondément humain, et terriblement nécessaire dans un paysage saturé de violence et de productivité. Avec son atmosphère chaleureuse, son message d’apaisement et son gameplay centré sur la bienveillance, le nouveau jeu de Greg Johnson pourrait bien devenir une bulle de douceur dans le quotidien des joueurs.
Après avoir fait rire et danser avec ToeJam & Earl, Johnson nous propose aujourd’hui de ralentir, d’écouter, de ressentir. Dancing with Ghosts s’annonce comme un jeu pour les cœurs cabossés, pour ceux qui cherchent un moment de paix, ou simplement une histoire qui réchauffe.
Ce n’est pas seulement un jeu, c’est une expérience émotionnelle. Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin.
 
                                 
                                 
                                